Pékin a ouvert hier un sommet consacré au projet de nouvelle Route de la soie. Ce projet titanesque n’est cependant pas exempt de risques économiques et politiques.
La Chine a ouvert dimanche 14 mai à Pékin un sommet de deux jours consacré au projet de nouvelle Route de la soie. La deuxième puissance économique mondiale aspire à ressusciter l’antique Route de la soie, un immense réseau de voies commerciales qui permettait jadis à l’empire du Milieu de commercer avec l’Europe via l’Asie centrale. Grâce à l’OBOR (« One Belt, One Road »), 1 000 milliards de dollars d’investissements déjà promis dans des projets autoroutiers, énergétiques, ferroviaires et portuaires, selon les médias d’Etat chinois, plusieurs trillions encore à investir, la Chine cherche à tisser des relations privilégiées avec l’Eurasie comme avec l’Afrique. Le projet est titanesque. Il englobe 68 pays représentant 4,4 milliards d’habitants et 40 % du PIB mondial, remarque CNN.
Parmi les projets géants de cette nouvelle Route de la soie une ligne ferroviaire reliant Londres à l’est de la Chine et une route maritime connectant l’Asie du Sud-Est à l’Afrique du Nord. Mais le projet d’ensemble reste très flou et ses bénéfices pour les pays qu’il englobe des plus incertains. Les bénéfices sont plutôt pour Pékin. Economiques d’abord. Avec le pays en surcapacité, étendre la demande pour ses produits à l’étranger peut être un moyen de résoudre et donner des débouchés à ses surcapacités industrielles. Mais aussi à répondre à tout ralentissement économique en Europe ou aux Etats-Unis.
Cependant il y a aussi des risques économiques. Le projet OBOR concerne des pays souvent instables politiquement et économiquement et corrompus – Asie centrale, Afrique, Asie du Sud-Est. Que se passera-t-il si un projet financé par le gouvernement chinois tombe ? N’est-ce pas l’ensemble du projet qui risque alors d’échouer ? De nombreux experts assurent que les projets chinois dans OBOR sont peu rationnels ! Les risques sont donc aussi politiques. Si les Etats-Unis peuvent être supplantés par la Chine grâce à OBOR, les risques existent, comme par exemple le long du corridor économique sino-pakistanais où déjà 13 000 soldats pakistanais sont déployés pour en assurer la sécurité. Le risque porte aussi sur la réputation des investissements chinois, notamment en Afrique, accusés de bénéficier souvent à l’emploi chinois et non aux locaux.
Le projet est si vaste qu’il pourrait donc nuire à la réputation globale de l’empire du Milieu.